Le Dictionnaire de la Comédie du pouvoir

Jamais à cours de promesses qui n'engagent que ceux qui les écoutent. Plus prompts à s'agiter devant les caméras qu'à agir sur le terrain. Prêts à tout pour éliminer leurs rivaux. Les politiques n'en finissent pas de nous jouer la comédie du pouvoir. A croire qu'ils se sont donnés le mot pour distraire ceux qui ne nourrissent plus la moindre illusion sur leur compte. Et qui préfèrent, à leurs partis, prendrent celui d'en rire. Tel est le parti auquel s'est rallié "le petit Larosse de la politique française". En rassemblant les principaux acteurs de la scène politique nationale sous la forme d'une galerie de portraits humoristiques. Qui ne les présentent pas toujours sous leur meilleur profil. Mais rappellent ce qu’ils ont pu dire et faire. Ce qu’ils se refusent à dire mais sont bien décidés à faire. Ce qu’ils disent vouloir faire mais ne feront jamais. Rien de tel pour rafraîchir la mémoire de l’électeur citoyen. Et lui permettre de vérifier qu’il y a loin, en politique, du discours à la réalité.

Ce site présente les bonne feuilles du dictionnaire du même nom, qui sera bientôt disponible au format numérique PDF.

Jacques CHIRAC, la malédiction du pouvoir

N'en jetez plus !
Les amis de 30 ans déçus du chiraquisme se ramassent à la pelle. Le pharmacien Pons, en exil à la Réunion, est du nombre. Sa biographie sortie à l'automne contient des passages au vitriol sur son ex-patron. L'ancien secrétaire général du RPR se déclare "triste et déçu" de la présidence de Jacques Chirac, dont il ne restera qu"'une absurde dissolution" pour le septennat et "un funeste référendum" pour le quinquennat. Les mauvaises langues disent que Nicolas Sarkozy a fait de ce brulôt son livre de chevet.

Ça sent le sapin
Le 10 ème Noël de Chirac à l'Elysée sent la fin de règne à plein nez. Seulement 1% des Français souhaitent qu'il se représente à l'Elysée en 2007. Un tiers qu'il démissionne. Après la fracture sociale, la facture électorale.

François MITTERRAND, le socialisme à la grâce de Dieu


Un socialiste peu persistant
Ses convictions socialistes : son unique roman... à l'eau de rose.

Génération sans pardon
Pelat, Grossouvre, Bérégovoy et Rocard (politiquement)... La génération Mitterrand aura compté plus de descendus que de descendants.

Changer la vie
Habile slogan militant qui ponctua les riches heures de la campagne présidentielles de 1981. Et qui se transforma en 1983, une fois le tournant de la rigueur venu, en changer d'avis.

Un président très à l'écoute
Bien moins enclin à écouter les Français que sa cellule élyséenne à traquer les conversations téléphoniques du Tout-Paris.

Le Petit-Clamart du pauvre
Désespérant de sa cote de popularité en peau de chagrin, et pour ne pas être en reste avec de Gaulle, Mitterrand s'est offert, en 1964, à portée de fusil de l'Observatoire, son Petit-Clamart du pauvre.

De l'art de cohabiter
Ayant admirablement compris que gouverner est le plus sûr moyen de déplaire, il laissa à Chirac, de 1986 à 1988, et à Balladur, de 1993 à 1995, le soin de faire l'un et l'autre.

Silvio Berlusconi
Grand défenseur des Arts et des Lettres, Mitterrand n'hésita jamais à user de son autorité lorsque la culture lui paraissait en péril. A ce titre, il se signala par l'octroi sans appel d'offres de la concession de la 5ème chaîne à l'esthète transalpin Berlusconi.

Les dix commandements de Tonton
Dieu a dit : "Un seul Dieu tu adoreras." Tonton a répondu : "Bien sûr, je n'aime que moi."

Dieu a dit : "Tu ne commettras point de parjure." Mitterrand l'a rassuré : "Je ne fais jamais de serment. Je ne fais que des promesses."

Dieu a dit : "Tu respecteras le jour du Seigneur." Mitterrand a acquiescé : "Je n'ai pas pour habitude de me manquer de respect."

Dieu a dit : "Tu honoreras ton père et ta mère." Mitterrand a objecté : "Mendès et la gauche sont morts depuis longtemps."

Dieu a dit : "Tu ne tueras point." Mitterrand a souri : "Sauf Rocard."

Dieu a dit : "Tu ne seras point luxurieux." Mitterrand s'est excusé : "Danièle a mal vieilli."

Dieu a dit : "Tu ne voleras pas." Mitterrand a nuancé : "Sauf les voix des communistes."

Dieu a dit : "Tu ne commettras point l'adultère." Mitterrand a rajouté : "Sauf avec Le Pen."

Dieu a dit : "Tu ne mentiras pas." Mitterrand a levé les bras au ciel : "Je suis un homme politique."

Dieu a dit : "Tu ne convoiteras pas le bien d'autrui." Mitterrand s'est indigné : "La République m'appartient."

Thierry BRETON, à fond la dette

Naufrage en vue
La dette de la maison France vient de dépasser le seuil fatidique des 60% du PIB imposé par Maastricht. La situation est si préoccupante que la quasi-totalité de l'impôt sur le revenu sert à payer les intérêts de la dette et non pas à rembourser le capital ! De la part de celui qui est présenté comme le redresseur de France Télécom on s'attendait à un catalogue de mesures chocs ! Que nenni ! Le fringant ministre des Finances du gouvernement Villepin a demandé un rapport à une auguste commission, présidée par le banquier Pébereau. Le courage politique n'est pas un vain "maux".

Bertrand DELANOE, couloir de bus

Petit joueur et mauvais perdant
C'était couru d'avance. Le dossier de candidature de Paris pour les jeux olympiques de 2012 était "le meilleur, le plus professionnel, le mieux ficelé..." Le clip de Luc Besson à la gloire d'un Paris ville-musée et d'acteurs sur le retour était le film-évènement de ce mois de juillet 2005. Patatras ! Les membres du Comité Olympique ne l'ont pas entendu de cette oreille. Au lieu de battre sa coulpe, Delanoë, qui l'a joué perso de bout en bout dans cette affaire, s'est défaussé en accusant les Anglais de manque de fair-play et d'atteinte aux valeurs de l'olympisme. Il sait à l'évidence de quoi il parle.

Philippe de VILLIERS, des idées bonnes pour l'évier

Mauvais procès
Il ne faut pas tout mélanger. De Villiers n'est pas contre l'avortement, il est pour la vie. De Villiers n'est pas contre les immigrés, il est pour les Français. De Villiers n'est pas contre la République, il est pour la Monarchie... De Villiers n'est pas contre Le Pen, il est tout contre.

François HOLLANDE, le plat pays qui est le sien

Monsieur Royal
Le premier secrétaire du PS bientôt en première "dame" de France ? La popularité grandissante de sa compagne Ségolène risque bientôt de mettre tous les éléphants d'accord à gauche. Et François de se retrouver à l'Elysée, non pas derrière le bureau présidentiel mais aux fourneaux.

Deux pour le prix d'une
"Vous aurez les deux pour le prix d'un". C'était l'argument de Clinton lors de sa première candidature à l'élection présidentielle. L'on ne saurait trop conseiller à Ségolène d'éviter de retourner à son avantage ce genre d'argument.

Jack LANG, bien pendue

Le dernier du culte
Ancien ministre de la culture de Mitterrand mais ministre à vie du culte mitterrandien.

No man's Lang culturel
Jack s'est toujours revendiqué comme l'ami des artistes. Nul doute qu'il en compte beaucoup puisqu'il en voit de partout.

Buren du mauvais goût
Avec le concours de l'architecte Daniel Buren, qui est à l'architecture ce qu'un burin est à un pinceau, n'aura pas ménagé sa peine pour financer, à l'aide des deniers du contribuable, le vandalisme institutionnalisé du patrimoine national. La palme de l'horreur revenant à la transformation en champ de ruines de la cour d'honneur du Palais Royal. Avec ces appendices de colonnes en forme de tabourets, sans doute une métaphore pour témoigner que leur père s'assoit sur toute forme d'art.

En toute mondanité
N'aura pas ménagé ses efforts pour réconcilier socialisme et parisianisme.

Les dents Lang
Les sondages l'incitent à croire que son avenir politique reste des plus roses.

TAPIE Bernard, populiste recherchant la compagnie des juges

Le chômage n'y survivra pas
Du temps de sa splendeur, Nanar avait trouvé la recette infaillible contre le chômage : le rendre illégal ! Dix ans après, l'idée a fait son chemin. Son ami Borloo, au ministère de la cohésion sociale, est en train de rendre les chômeurs illégaux.

La fortune à crédit, la ruine au comptant
Ses détracteurs disent que la démagogie est son fonds de commerce. Une chose est sûre : ce n'est pas son sens des affaires.

Comparaison n'est pas toujours déraison
Surnom de Tapie en italien : "le Berlusconi du pauvre".

Un CV éclectique
Commencer par la chanson. Poursuivre par l'industrie. Se lancer dans le ballon rond. S'aventurer en politique. Se reconvertir dans le théâtre et la télévision. Prions pour que Tapie ne se retrouve jamais au chômage. Le plus crédule des recruteurs serait bien en peine de déceler dans un tel parcours professionnel l'ombre de la moindre cohérence.

FABIUS Laurent, un homme de convictions

L’homme à la moto
« Cela commence par une balade »… Le titre de son autobiographie à sa gloire, censée l'humaniser en le présentant sous les traits d'un Français-exactement-comme-les-autres, qui fait de la moto et raffole des carottes râpées, s’est terminé par une belle veste : moins de 6000 copies vendues. Le fils spirituel de Tonton n'est pas encore au niveau de son mentor.

RAFFARIN Jean-Pierre, élu local délocalisé à Matignon

Comprenne qui pourra
Au cours de la campagne référendaire, un morceau de bravoure : "Je dis oui au oui rebelle et non au non conservateur." Si la communication est l'art de détourner le sens des mots, JPR est un grand communicant. Commu-niqueur serait plus approprié.

L'art de se moquer du monde
Toujours en pleine campagne référendaire : "Mon avenir ne me concerne pas." Pour faire croire au bon peuple qu'il n'avait pas de plan de carrière après son départ inéluctable de Matignon. Les journalistes qui l'interviewaient n'ont pas eu l'indélicatesse de lui rappeler qu'il s'était fait élire sénateur en début d'année.

Un trou d'air de 3 ans
Non content de laisser derrière lui une situation économique catastrophique, JPR en a rajouté en supprimant le lundi de Pentecôte aux Français. A défaut d'inverser la santé financière du pays, Villepin a enterré cette mesure impopulaire et improductive sitôt arrivé au pouvoir.

BAYROU François, toujours de droite François ?

Sur tous les fronts
Sa critique frontale et tous azimuts du gouvernement Raffarin réussit le paradoxe d’affaiblir tout à la fois ses alliés de l’UMP et ses adversaires du Parti socialiste, dont les critiques, en comparaison des siennes, paraissent aussi ternes que son leader.

Blair français ou Giscard du pauvre
Le Béarnais se présente volontiers comme le Blair français, mais ses adversaires de droite comme de gauche, qui invoquent son bilan ministériel à l’Education nationale sous Juppé, et la timidité de son programme présidentiel en 2002, le caricaturent plutôt en Giscard du pauvre.

La portion congrue
L’exil des députés centristes de l’UDF partis grossir les rangs de l’UMP aux législatives de 2002 a réduit à peau de chagrin le nombre de ses députés à l’Assemblée, qui ont tout juste réussi à atteindre le quota de députés requis pour former un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.

BALKANY Patrick, l’intégrité finit toujours par payer

La prime à la casserole
Réélu maire de Levallois-Perret en janvier 2003, le même week-end que Mellick à Béthune. Belle incitation pour les politiques à ne pas s’écarter d’un pouce du chemin de la probité. Malgré ce nouveau gage de respectabilité, l’ex-supporter de Balladur à la présidentielle de 95 reste toujours abonné au banc des non-inscrits.

Sectaire et fier de l'être
S’est une nouvelle fois distingué par sa tolérance et son ouverture d’esprit, en proposant à une élue communiste de sa ville de Levallois de la mettre en cage « en tant que dernier spécimen vivant du Parti communiste. » C’est toujours moins honteux que la mise en cabane, à laquelle il a échappé de justesse, pour avoir confondu certains employés municipaux avec ses gens de maison.

BAROIN François, le petit-fils préféré de Chirac

Trop jeune pour faire sérieux
L’ex-benjamin de l’Assemblée Nationale, élu député à 27 ans, fît une entrée fracassante en politique, en enchaînant deux ans plus tard par un poste de secrétaire d’Etat et de porte-parole du premier gouvernement Juppé en 95. Las ! François n’eut pas l’heur de plaire « au meilleur d’entre nous » (dixit Chirac à propos de Juppé), et fut congédié six mois plus tard, en même temps que la plupart des femmes du gouvernement, les éphémères jupettes, elles aussi jugées intellectuellement trop courtes.

Retour en grâce
Chirac a repris l’essentiel des propositions formulées dans le document intitulé « Pour une nouvelle laïcité », dont, en sa qualité de rapporteur de la mission d’information de l’Assemblée Nationale sur les signes religieux à l’école, il est à l’origine. C’est Juppé qui a dû être rassuré.

BALLADUR Edouard, la simplicité faite homme

Plus dure sera la chute
S’est imaginé qu’en 2002, tout à l’euphorie de sa victoire inespérée, Chirac lui pardonnerait sa trahison de 1995, en acceptant de le nommer au perchoir. Las ! C’est au contraire le porte-flingues le plus impitoyable avec sa gestion gouvernementale d’alors, Jean-Louis Debré, alias Chirac m’a dit, qui lui fut préféré. Avoir été ami pendant trente ans pour finalement si mal se connaître, c’est à désespérer de l’amitié.

Onction et componction
Chez ce grand bourgeois cultivant les bonnes manières comme une seconde nature, la suffisance et la componction se dissimulent toujours sous les dehors les plus courtois et les impôts les plus lourds.

Le sens du sacrifice
Son ex-directeur de cabinet à Matignon, Nicolas Bazire, s’est reconverti dans l’industrie du luxe en intégrant l’état-major de LVMH. La passion du service public est un apostolat.

Reculer pour mieux se présenter
L’extrême prudence de sa gestion gouvernementale, entre 1993 et 1995, pourrait se résumer ainsi : « Il n’est réforme si bien faite que manifestation ne puisse défaire, ni de problème si urgent qu’une commission ne puisse enterrer. »

Cause commune
Sarkozy, l'un de ses ex-poulains, lui est resté fidèle. En privé, lorsqu’il le compare à son premier mentor, Chirac, il lui arrive de dire que Balladur, lui, avait une vision de la France. Voilà qui n’est ni rassurant pour les Français, ni pour Chirac.

AILLAGON Jean-Jacques, plus mondain que politique

La culture des palais nationaux
Ami des artistes et fin connaisseur des arts plastiques. Ennemi des intermittents et ignorant du dialogue social.

La culture de la terre brûlée
Qui a dit que la culture favorisait l’esprit d’ouverture et de dialogue ?

Déclaration d’intention
Son credo : « Je soutiens la culture mais j’en réforme le ministère. » Sa traduction dans le dossier des intermittents du spectacle : « Je soutiens les producteurs qui s’en mettent plein les poches et j’emmerde les intermittents qui n’ont pas un sous. Car même si les seconds sont plus nombreux que les premiers, eux ne votent jamais à droite. »

ALLIOT-MARIE Michèle, au garde à vous !

Allons enfants de la Marine !
On souhaite au deuxième porte-avions, qu’en bon ministre de la Défense elle appelle de ses vœux avec la dernière énergie, meilleure fortune que son prédécesseur le Charles de Gaulle.

Une ministre bien informée en vaut deux
Contrairement à son collègue Villepin, qui a déclaré n’avoir jamais eu connaissance des négociations entre Américains, Anglais et Libyens sur le renoncement par ces derniers au développement d’armes de destruction massive, MAM a affirmé haut et fort en avoir été informée depuis le début. Cette nouvelle cacophonie gouvernementale n’est malheureusement que l’arbre qui cache la forêt tropicale : la France n’a plus la voix au chapitre en Afrique.

AUBRY Martine, portée disparue depuis juin 2002

Perd parfois le Nord…
Aux législatives de 2002, les Ch’tis lui ont rendu la monnaie de sa loi sur les 35-heures, en lui faisant savoir que les pauvres n’étaient pas tous des fainéants.

…Mais pas pour longtemps
Le courage allant rarement jusqu’à la témérité en politique, Martine Aubry a jeté son dévolu sur une nouvelle circonscription, qualifiée de fief historique de la gauche, pour se représenter en 2007. En 2002, la 5ème circonscription du Nord qui lui avait été fatale faisait pourtant figure de « bastion imprenable ».

De haute lignée
C’est Edith Cresson qui lui a mis le pied à l’étrier en politique. Souhaitons-lui un séjour à Matignon moins tourmenté et moins éphémère.

Entreprise de respectabilité
Présidente de la fondation Agir au début des années 90 contre l’exclusion, son action aura surtout eu le mérite de permettre à de grands patrons spécialistes ès restructurations de se refaire une virginité sociale en lui apportant son écot.

AYRAULT Jean-Marc, Haro sur le gouvernement

Le sens de la formule
« La baisse des impôts pour la France d’en haut, la baisse des taux pour la France d’en bas. » Tel fut son commentaire, au lendemain de l’annonce en catimini, en pleine canicule, de la baisse de la rémunération du livret A par le gouvernement Raffarin.Pour le PS, dont il préside le groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, c’est toujours la fin des haricots.

Gouverner, c’est prévoir
Mérite l’oscar du meilleur second rôle, pour sa composition, confondante de lucidité politique, sous l’œil de la caméra de « Comme un coup de tonnerre », le reportage sur les dessous du fiasco de Jospin en 2002. On l’y voit, écartant d’un revers de manche péremptoire l’éventualité, évoquée par le préposé du PS aux sondages d’alors, Manuel Valls, que leur champion soit devancé par Le Pen. Comment Jospin a-t-il pu donc perdre en étant aussi bien entouré ?

AGACINSKY-JOSPIN Sylviane, ex-future première dame de France

Leçon de philosophie politique
Philosophe avertie qui aura vérifié, à ses dépens, qu’en politique on passe facilement de l’Etre au Néant.

Gauche d’en haut
Son « Journal interrompu. 24 janvier-25 mai 2002 », a apporté de l’eau au moulin de ceux qui pensent que la philosophie n’est pas la meilleure des écoles d’humilité.